Alpha Kaba

D’après « Esclave des Milices » Écrit par Alpha Kaba et Clément Pouré

Durée 1h15

Spectacle Tout public

A partir de 11 ans

« Tout converge vers les mêmes conclusions : l’esclavage est devenu une chose commune en Libye, où il existe toute une économie construite sur la vente et l’asservissement des hommes et des femmes noirs. »
_ Esclaves de milices, Alphas Kaba et Clément Pouré

Vidéos

Bande annonce du Spectacle Alpha Kaba Théâtre du LyonBande annonce du Spectacle Alpha Kaba Théâtre du Lyon
Captation du spectacle Alpha Kaba Théâtre du LyonCaptation du spectacle Alpha Kaba Théâtre du Lyon
Bande annonce du Spectacle "Jon" Théâtre du LyonBande annonce du Spectacle « Jon » Théâtre du Lyon

Aux origines du projet

Ce projet est issu d’une collaboration étroite avec Lisa Cirenei, programmatrice théâtre au Domaine d’O, qui m’accompagne depuis Le Menteur, spectacle programmé 2 ans auparavant.

Le fruit de nos échanges abouti à une carte blanche autour de la question des déplacements de populations. Je souhaitais ancrer le sujet sur une question d’actualité, j’ai donc orienté mes recherches en ce sens.

Au fil de mes lectures, une oeuvre m’a particulièrement touché : Esclave des milices d’Alpha Kaba. Le message de l’auteur n’est pas accusateur, mais réconciliateur : cela doit cesser, simplement cesser. La simplicité de l’écriture rend toute la force de ce témoignage.

La réalité de l’ampleur de l’esclavage de personnes noires de nos jours est simplement sidérante et remet en cause l’idée que nous avons du réel. Jusque-là, je ne comprenais pas la situation des évènements Libyens suite à l’intervention de la France en 2011, situation moins médiatisée que les migrations venant de Syrie par exemple. Le fait que l’auteur, un journaliste, soit le protagoniste de cette tragédie et de surcroît le narrateur, m’a donné très rapidement la vision d’un théâtre-récit épique, philosophique, sur la condition humaine contemporaine. J’y ai vu une véritable odyssée contemporaine.

Porter ce texte à la scène m’est apparu comme une évidence.

Du texte au spectacle

J’ai pris le parti d’assumer le livre, une odyssée sans retour. Le spectacle prend donc la forme d’un livre vivant. La narration est fidèle à son histoire, celle d’un miraculé, d’un rescapé. L’histoire d’un enfant qui grandit en Guinée, passe par les mouvements contestataires, pour déboucher finalement vers le récit d’un homme devenu esclave, réduit à l’état de valeur marchande, vers la déshumanisation la plus complète.

La fidélité à l’histoire d’Alpha n’empêche pas la prise de quelques libertés, en accord avec l’auteur, afin de faciliter la compréhension du spectateur. Le spectacle ne reconstitue pas le mode de vie en Afrique de l’ouest, c’est une proposition théâtrale faite par des français qui s’identifient à Alpha.

En adaptant le texte, j’ai choisi de raconter sa vie au présent tout en conservant les temporalités, la structuration des chapitres et l’agencement des éléments. J’ai conservé la fluidité du récit et assumé de véritables transitions afin de faire raisonner les différentes chutes, marquant ainsi les transformations du personnage avec lequel nous sommes en empathie. Exception faite à la fin, où la place est laissée à l’immersion dans l’action créant ainsi un léger effet de forme. Là où le récit relate des actions, nous sortons de la narration ; celle-ci alterne avec l’action des acteurs du choeur, ce qui crée une dynamique au plateau. Les scènes écrites à partir d’improvisations ont permis d’affiner les détails de l’histoire, de jouer avec le rythme et trouver la justesse du jeu.

Le spectacle est composé de très nombreuses images, représentant la vie d’Alpha dans sa phase ascendante (son enfance jusqu’à ce qu’il soit chassé de la radio) et dans sa phase descendante (ce que nous appelons sa descente aux enfers).

La première partie du spectacle est très vivante, très joyeuse. Elle relate l’ascension du jeune garçon plein de talent aimant la vie, son éducation familiale et religieuse, son goût pour les études, sa passion pour le football, les radios libres, sa vie amoureuse.

C’est à travers l’identification à ce jeune homme éduqué que la deuxième partie, tragique, nous atteint. Nous connaissons cet homme, il n’est ni noyé dans une foule ni dans l’appellation migrant.

La « descente aux enfers » a été traitée de façon symbolique en s’inspirant de la scène de négociation avec le passeur qui l’a réduit en esclavage. Alpha dit qu’il a le sentiment d’avoir signé un pacte avec le diable ; et nous l’avons pris au mot en traitant cette partie comme si c’était véritablement le diable qui prenait forme pour attirer Alpha dans son piège. Cela n’est ni expliqué dans le spectacle, ni mis en avant pour éviter la démonstration, mais il y a une sensation, une atmosphère particulière, un danger. Ce procédé fut appliqué de la même façon pour le purgatoire, les portes de l’enfer, l’apocalypse, l’enfer avec le supplice d’Atlas puis la scène du jardin identifiée au paradis et enfin le dialogue avec l’ange qui précédera la conclusion du spectacle qu’Alpha Kaba lui-même porte dans un enregistrement audio qui fait entendre sa voix. Cette ligne symbolique créé la profondeur, donne du relief et de l’ampleur au jeu.

Au plateau

Le livre est écrit à la première personne, c’est Alpha qui parle. Djamil Mohamed entre dès le début dans la peau d’Alpha Kaba pour le laisser au plateau à la fin du spectacle. Sandra Parfait, Mohamed Brikat et Damien Gouy, incarnent tour à tour des personnages d’une autre couleur de peau ou d’un autre sexe, tous ceux qui font vivre les situations autour d’Alpha, ce qui stimule le jeu et l’énergie, donnant ainsi une dynamique à la trame narrative.

Cette odyssée, comme j’aime la nommer, se déroule principalement sur trois lieux géographiques : la Guinée, en Afrique de l’Ouest ; la Libye, au Maghreb ; et l’Italie en Europe. La question des origines ethniques des acteurs s’est posée. Pour des raisons symboliques, j’ai choisi de faire appel à trois comédiens dont les origines étaient proches des pays évoqués, traversés, en gardant à l’esprit le propos de l’auteur: nous sommes tous frères, la couleur de peau est sans importance.

C’est l’acteur qui, par sa parole, fait apparaître les espaces et non l’inverse.

Le sujet traite de personnes qui n’ont plus rien, pas même leur corps, ni leur identité. La proposition d’un plateau nu fut évidente. Avec Irène Vignaud, scénographe, nous sommes partis dans l’idée que le spectateur devait avoir le sentiment que les acteurs racontent cette histoire avec un rien, avec ce qu’ils pourraient trouver ou construire par eux meme; être créatifs dans la simplicité.

Alex Constantino a porté son attention sur une gamme de couleurs et de matières des costumes de façon à évoquer l’univers de l’Afrique de l’ouest tout en conservant un décalage permettant de penser que ces éléments sont plus cités que représentés. Nous avons cherché la neutralité dans notre proposition. Chaque personnage porte une base simple qui se transforme avec des éléments.

La place des lumières de Rémi El Mahmoud est majeure. Elles précisent et mettent en relief l’architecture des corps dans l’espace, créent des ambiances qui subliment les lieux, les atmosphère ou les transitions du spectacle. Une gamme de tons chauds est utilisé pour illustrer la jeunesse d’Alpha à Boké et laisser place à différentes pénombres et tons froids dans la seconde partie.

Chaque fin de chapitre laisse place à une chute où le personnage est exalté, en doute, ou en sidération. A travers la musique ou les sons choisis, Fred Beverina développe l’état émotionnel nouveau qui se dégage. Le travail du son, précis et rigoureux, est en accord avec le travail des lumières. L’utilisation des bruitages va jusqu’à figurer, imager, les décors autour d’Alpha.

Nous nous sommes accordés une grande liberté dans le choix des musiques en adoptant différents styles. L’univers radiophonique est très présent et apporte un traitement particulier sur le plateau, tant au niveau lumineux que sonore.

Autour du projet…

Nous travaillons de concert avec Alpha Kaba. Sur scène, comme dans la vie, Alpha s’est reconstruit en France devenant l’inlassable porte-parole de centaines de milliers de morts et de rescapés.

Il poursuit un objectif simple : mettre des actions en oeuvre afin d’alerter sur la situation des esclaves en Libye afin que ces personnes retrouvent leur liberté. Il travaille actuellement dans une association citoyenne pour lutter contre cette situation. Pour lui, ce spectacle représente aussi un outil de sensibilisation pour faire avancer son combat. Suite au spectacle, nous avons organisés des conférences et des rencontres avec différents publics aux côtés d’Alpha Kaba et de Sos Méditerranée.

Nous souhaitons aller plus loin et organiser des conférences spécifiques avec un historien spécialiste de l’esclavage au Maghreb et/ou un journaliste spécialisé dans l’actualité de la Libye.

Des ateliers d’écritures vont être mis en place avec des foyers de réfugiés en France afin de mettre en scène des histoires personnelles, des histoires ou légendes des pays d’origines des élèves.

… la suite…

Le spectacle que nous avons créé s’arrête quand Alpha arrive en Italie. Même si son esclavage prend fin, il est loin d’être au bout de ses difficultés. Les épreuves qu’il a traversé depuis qu’il a posé les pieds en Europe, les démarches qu’il a dû faire pour s’intégrer, obtenir son statut, écrire son livre, militer pour l’abolition de l’esclavage, faire face au déni, à la contradiction….

L’intérêt de ce sujet associé à l’intensité qui nous a porté tout au long du processus de création a constitué un moment de partage rare pour toute l’équipe. C’est pourquoi une suite, Alpha Kaba, l’intégration européenne (titre provisoire), va être créée avec la même équipe d’acteurs et de collaborateurs. Il est également question de créer 2 petites formes légères de 40 minutes pour jouer hors les murs, à partir de l’histoire du premier spectacle. Une version sera imaginée sous le prisme d’un regard d’homme et l’autre, sous celui d’une femme.

Pour que
Plus jamais
Être noir
Ne soit synonyme de honte.

Equipe artistique

Texte Esclaves des Milices, Voyage au bout de l’enfer libyen – Alpha Kaba et Clément Pouré

Mise en scène et adaptation Julien Gauthier

Avec Claudia Nen Mbocka, Djamil Mohamed, Mohamed Brikat, Damien Gouy

Création lumière Rémi El Mahmoud

Création sonore Frédéric Beverina

Scénographie Irène Vigneaud

Costumes Alex Constantino

Photos Aloïs Aurelle et Guy Carlier

Production Compagnie Théâtre en pierres dorées

Coproduction Domaine D’O, Montpellier, Théâtre de Vienne

Représentations

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